Découvrez les étapes de mise en place de l'affichage environnemental et de l’éco-score textile en France et ce qu’il signifie pour les acteurs du textile.
Avant de nous plonger dans le processus de mise en place de l’affichage environnemental et la méthodologie associée, il est important de bien comprendre ce dont il est question.
L’affichage environnemental est un dispositif qui permet d’informer le consommateur sur les impacts environnementaux de l’ensemble du cycle de vie d’un produit.
Il se présente sous la forme d’un score (par exemple une échelle A-B-C-D-E ou de 1 à 100), qui peut être complété par des sous-scores par types d’impacts, et est calculé à l’aide d’une méthodologie transparente consacrée, basée sur des ACV (analyses de cycle de vie). Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article dédié à la méthodologie de l’affichage environnemental.
Il permet au consommateur de situer le produit sur une échelle quantifiée de performance environnementale, de le comparer aux autres produits de la même famille, et donc de pouvoir faire un achat éclairé.
C’est aussi un support de communication efficace pour valoriser les efforts d’éco-conception réalisés par les marques, qui peuvent s’appuyer sur ces critères au moment du développement de leurs produits.
Il ne faut pas le confondre avec la fiche produit relative aux qualités et caractéristiques environnementales rendue obligatoire par l’article 13 de la loi AGEC : cette fiche présente certaines caractéristiques qualitatives du produit (ex : pays de fabrication, présence de substances dangereuses…) mais pas un calcul d’impact environnemental.
L’Eco-Score, lui, est un dispositif particulier d’affichage environnemental, propriété de l’ADEME. C’est un terme souvent utilisé pour parler de l’affichage environnemental au sens large, mais il représente seulement une méthode de notation, utilisée pour le moment uniquement pour les produits alimentaires.
Avec les lois AGEC et Climat et Résilience, l’affichage environnemental est actuellement en train de prendre forme. Mais cela fait suite à un long processus engagé dès le Grenelle de l’Environnement de 2007.
Revenons sur les dates et textes jalons de ce score, qui ont préparé son déploiement sur les produits textiles, sur lesquels il sera bientôt obligatoire.
Les lois Grenelle 1 et 2 de 2009 et 2010 ont été rédigées pour concrétiser les engagements pris lors du Grenelle de l’Environnement en 2007. Elles introduisent le principe de l’information du consommateur sur les impacts environnementaux des produits qu’il consomme, et notamment les émissions de gaz à effet de serre.
Cette période a marqué le début d’une concertation menée par l’AFNOR (Association Française de Normalisation) et l’ADEME (Agence de la transition écologique) pour déterminer, par secteur, les indicateurs pertinents, les bonnes pratiques et les grandes lignes des méthodologies de calcul d’impact. En particulier, le groupe de travail “GT5” a été chargé de développer un socle technique d’affichage environnemental pour les articles d’habillement.
Une première phase d’expérimentation a eu lieu entre 2011 et 2012, pendant laquelle des marques volontaires de tous les secteurs ont testé un affichage environnemental auprès de consommateurs. Un rapport a ensuite été remis au parlement.
Ce rapport confirme l’intérêt d’un affichage environnemental basé sur l’ACV (analyse de cycle de vie), mais met en avant des difficultés méthodologiques, techniques et des coûts de mise en oeuvre pouvant être importants. Des méthodologies communes par secteur doivent être développées, mais en attendant, le travail sur les bases de données d’impacts des produits (base de données Empreinte, auparavant Impacts) doit être poursuivi.
C’est le début d’une phase où la démarche d’affichage environnemental est certes encadrée par les rendus des groupes de travail par catégories de produits, mais elle reste souple et volontaire.
Alors que de plus en plus d’entreprises utilisent des allégations environnementales pour caractériser leurs produits, une mesure de lutte contre le greenwashing, ou éco-blanchiment est introduite dans la loi française : l’article 90 de la loi de transition énergétique pour une croissance verte (LTECV) exige des producteurs et distributeurs qu’ils justifient toute allégation environnementale par des données pertinentes sur la performance environnementale globale du produit.
Il s’agit d’empêcher les marques d’induire le consommateur en erreur en faisant paraître leurs produits plus écologiques que ce qu’ils ne sont, et de valoriser les efforts sincères d’éco-conception plutôt qu’ils soient confondus avec de fausses allégations.
La LTECV redonne une impulsion au projet d’affichage environnemental, en tant qu’outil utile pour la mise en conformité des entreprises : un score environnemental bien construit leur permet d’évaluer la performance environnementale de leurs produits selon une méthodologie pertinente et de communiquer sur cette performance de manière fiable.
En 2017, une nouvelle phase d’expérimentation s’ouvre. Pour consolider avec des retours d’expérience le cadre technique bâti par l’ADEME, un score environnemental est pré-déployé dans cinq secteurs pilotes :
Il s’agit de tester les outils et référentiels de calcul d’impact, leur utilité pour guider l’éco-conception des produits et l’aspect incitatif pour les entreprises de la communication de la performance aux consommateurs.
Dans le secteur de l’habillement, Décathlon et Okaïdi ont notamment déployé un score environnemental sur leurs produits, et remis leurs rapports ([1] et [2]) à l’ADEME.
En parallèle, deux textes renforcent les avancées de l’affichage environnemental en France :
Dans un objectif de transformation de tous les secteurs économiques français, la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire) a été promulguée en février 2020. L’un de ses axes pour réduire la consommation de ressources et la génération de déchets est une meilleure information du consommateur.
Son article 15 institue un affichage environnemental d’abord volontaire encadré, puis rendu obligatoire et ce en priorité pour le secteur textile. L’article prévoit une expérimentation de 18 mois qui permettra d’évaluer différentes méthodes d’affichage environnemental (méthodologie de calcul et modalités d’affichage), afin de statuer sur un dispositif dans chaque secteur.
Cet article a ensuite été abrogé à la parution de la loi Climat et Résilience d’août 2021, et remplacé par l’article 2 de cette loi, qui précise et renforce les dispositions prises pour un affichage environnemental.
Voici les 4 éléments à retenir de l’article 2 de la loi Climat et Résilience :
Pour faire écho aux lois AGEC et Climat et Résilience, une nouvelle phase d’expérimentation de l’affichage environnemental sur les vêtements a donc été lancée par l’ADEME. En voici les 3 grandes étapes :
Une méthodologie sera ensuite bâtie à partir de l’étude de ce rapport. L’objectif est de valider une version définitive de l’affichage environnemental sur les vêtements d’ici la fin de 2023. Cette validation sera accompagnée par la publication d’un décret précisant les modalités d’affichage obligatoire.
A savoir, la secrétaire d’Etat chargée de l’écologie, Bérangère Couillard, a communiqué le 18 mars 2023 sur les orientations que prend le travail post-expérimentation Xtex.
Lors d’une réunion avec les entreprises et les fédérations du secteur textile, les ONG et les associations de consommateurs, elle a indiqué 8 critères d’impact qui sont approfondis pour être pris en compte dans le calcul du score environnemental.
Le calendrier de mise en oeuvre de l'affichage environnemental qui a alors été communiqué est le suivant :
Fin décembre 2023, le décret d'application n'a toujours pas été publié. Il est donc probable que les délais communiqués ne soient pas tenus.
Avec la loi Climat et Résilience et l’expérimentation XTex, la France est entrée dans la dernière ligne droite de l’affichage environnemental obligatoire, qui devrait débuter en 2025 sur les articles d’habillement.
S’inspirant de la démarche française, la Commission européenne travaille depuis 2013 à la mise en place d’une méthode commune européenne, reposant sur le socle PEF (Product environmental footprint).
Les modalités de communication de l’information environnementale devraient donc être harmonisées prochainement au niveau européen. Nous ferons le point sur cette harmonisation dans un article à venir.
Depuis leur promulgation en février 2020 et août 2021, La loi AGEC et la loi Climat et Résilience transforment petit à petit la vie des Français, au fur et à mesure de la publication de décrets d’application. Ces lois, entre autres, donnent un élan à l’affichage environnemental - communément appelé éco-score - sur les produits textiles d’habillement.
Ce score, à ne pas confondre avec l’affichage des qualités et caractéristiques environnementales du produit, a un double objectif : guider clairement les consommateurs vers des achats responsables, et inciter les marques à mettre sur le marché des vêtements plus respectueux de l’environnement.
Les nombreuses étapes et le temps long du processus de mise en place de l’affichage environnemental peuvent compliquer la compréhension du sujet et l’accès à l’information utile.
→ Qu’est-ce que l’affichage environnemental ?
→ Où en est le processus réglementaire en France ?
→ Quand est-ce que ce score devra apparaître sur les articles d’habillement ?
Dans cet article, nous vous expliquons ce qu’est l’affichage environnemental et faisons le point sur les avancées du travail conjoint des pouvoirs publics et de la filière textile pour le déployer sur les vêtements.